Réforme de l’orthographe : Pourquoi on n’arrive pas à s’y faire ?
A la base, c’était une blagounette en story, mais ce simple mot Ognon a fait couler de l’encre… Les réactions sont unanimes : PERSONNE N’AIME !
Du coup, j’ai eu envie de creuser le sujet pour comprendre pourquoi.
Disclaimer si on y tient : c’est mon avis ! It’s mine, my own, my precious (si t’as la ref). Bref, te montes pas la rate à court bouillon, on est là pour échanger…
De quand ça date déjà ?
Il y a 5 ans ? 10 peut-être ? Eh non ! C’est bien plus vieux !
1990
J’avais 2 ans (ouh, la vieille !) Alors pourquoi on a l’impression que le débat est assez récent ? Car entre la loi parue au journal officiel et les nouveaux manuels qui changent l’orthographe des mots, il s’est passé 27 ans. La “mise en application” s’est réellement faite lors de la rentrée 2016. Il y a 7 ans donc.
Ça concerne quel mot ?
Ognon et Nénufar ne sont pas les seuls. En réalité, ils sont au nombre de : 2000 et des brouettes !
Des lettres disparaissent (exéma) ou mutent (douçâtre), des accents changent (évènement) ou deviennent facultatifs (les circonflexes), des consonnes s’ajoutent (charriot), les tirets s’effacent (portemonnaie)…
Ça fait de belles coupes dans l’orthographe traditionnelle et la raison tient en un mot : SIMPLIFICATION.
Bah oui ! Qui ne s’est pas arraché les cheveux sur telle ou telle ortographe ?
Ma fille étant en CE2, ça fait 2,5 ans qu’elle a 10 mots par semaine à apprendre, et va lui expliquer que devant MBP c’est M sauf pour bonbon… Que le pluriel de AL c’est AUX, sauf pour 10 mots où on a décidé que… non, eux, ils prennent juste un S… (navals, festivals, bals, régals), qu’on dit soixante puis soixante-dix (au lieu de septante – les belges/suisses sont logiques, eux)… Bref ! La langue française est compliquée !
La faute à qui ?
Les manuels trop gentils évoquent les origines. Je cite : C’est une langue romane issue du latin, mais, au gré de l’Histoire, elle a subi l’influence du gaulois, qui est une langue celtique, et plus tard, l’influence des Francs. Sans compter que c’est une langue qui évolue avec des mots qui deviennent obsolètes et d’autres qui apparaissent.
Mais j’ai envie d’accuser quelqu’un moi, alors je suis allée chercher plus loin et j’ai trouvé :
Ces messieurs de la haute du 17ème siècle
Le français des Lumières était un français pour les “honnêtes gens de la nation”. Il était parlé par les gens de pouvoir (les philosphes, les rois et leur cour, les fonctionnaires…) et n’était surtout pas appris (faudrait pas que le pauvre peuple ignorant corrompt la langue – ils parlaient patois ou latin).
Et ces messieurs (oui, MESSIEURS, j’insiste) qui se sont cru plus intelligents (hum) ont bien arrangé les choses pour qu’EUX seuls puissent briller… Exit les métiers au féminin, exit les mots venant du patois, et surtout, compliquons bien la langue pour que seuls nous, êtres de lumières suprêmes, sachons l’utiliser. Et sinon, ça va, les chevilles ?
On leur donne raison alors ?
Avec cette résistance à la simplification de la langue, on se paye toute notre histoire :
- On maintient ce statut d’“élite” (t’as vu comme je suis fort en ortographe !)
- On râle, car râler c’est français (on a fait la révolution, vas-y quoi !)
Surtout, notre égo est mis à mal…
C’est que cette réforme fait parler d’elle avec des mots tout moches (“appauvrissement de la langue”, rien que ça) et on l’associe aux mauvaises raisons : on simplifie, car les français sont moins bons à l’école (dixit tonton Roland : “le BAC d’aujourd’hui, c’est plus ce que c’était”).
En même temps, c’est vrai…
Peut-être… Mais là n’est pas le débat (ça relève plus de l’instruction que de la langue à mes yeux).
La vraie question, c’est : est-ce qu’on ne confond pas l’usage de la langue et son essence ?
Avoir une langue complexe nous rend-il plus intelligents ?
Dit autrement : simplifier la langue nous rendra-t-il (plus) C*NS ?
C’est visiblement ce que pensaient ces Hauts Messieurs des Lumières.
Mais ne pouvons-nous pas être plus intelligents qu’eux ?
Après, on peut trouver ça moche, je comprends…
N’hésitez pas à partager votre avis en toute bienveillance.
A bientôt pour un prochain article.
Nadège
